Giovanni Battista Bonadio de’ Zanchi
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Giovanni Battista Bonadio de’ Zanchi, dans "Biographies des auteurs de textes militaires", Ancient Texts of Military Art © 2023 par Michel Pretalli est sous licence CC BY-NC-ND 4.0
Biographie :
Giovanni Battista Bonadio de’ Zanchi est né en 1515 à Pesaro. Issu d’une famille noble, le jeune Zanchi étudia l’art de la guerre dans sa ville natale ou à Venise, s’engageant dans une carrière militaire de succès, peut-être au service du duc d’Urbin – “del qual è suddito per natura” [1] – dans les premières années. En 1543, il détenait le grade de capitaine et, en 1546, il prit part à la campagne militaire menée par Charles V contre la ligue de Smalkalde au sein d’un contingent de 12000 fantassins et 500 cavaliers envoyé par le Pape Paul III et placé sous le commandant d’Octave Farnese.[2] En 1547, Zanchi put revenir à Pesaro où il rédigea son traité Del modo di fortificare le città qui circula en version manuscrite avant d’être imprimé en 1554, sous l’impulsion de Girolamo Ruscelli.[3]
Selon Ruscelli, Zanchi fut le premier à écrire et publier un texte qui décrit les méthodes de fortifications modernes (“alla moderna”), c’est-à-dire celles fondées sur le tir de flanquement et dont l’élément le plus représentatif est le bastion.[4] Mais le lettré de Viterbe, qui avait Zanchi en haute estime, précise que ce dernier confirmait dans la pratique tout ce qu’il était capable de montrer dans la théorie, se distinguant ainsi par une compétence rare, puisque fondée sur les connaissances et sur une expérience constamment renouvelée et, par là, affinée, comme l’illustre son impresa :
“Dicono, che l’acqua de’ pozzi col venirsi cauando, si fa migliore.”[5]
Zanchi reprit les armes quelques années plus tard au service du roi Philippe II d’Espagne, en qualité de soldat et d’ingénieur, participant à la guerre de Sienne,[6] puis à la guerre des Carafa (1553-1557), où il s’illustra sous les enseignes de Marcantonio Colonna dans le cadre des opérations militaires engagées près de Naples contre les forces du pape Paul IV.[7]
La guerre terminée, Zanchi séjourna à Pesaro et à Venise. Les autorités vénitiennes l’employèrent comme ingénieur, l’envoyant sur l’île de Chypre entre 1561 et 1563, où il s’illustra selon Ruscelli “in cose importanti”.[8] Après un autre séjour de quelques années dans sa ville natale, Zanchi semble avoir exercé à nouveau ses fonctions d’ingénieur à Raguse, toujours à la solde de la Sérénissime.[9] Puis, de retour à Pesaro, il prit part aux opérations menées en 1573 par le duc Guidobaldo II della Rovere pour mater un mouvement de protestation de la population d’Urbino.[10] Giovan Battista Zanchi mourut en 1586.
Œuvres :
Del modo di fortificare le città, Venise, Plinio Pietrasanta, 1554.
Autres éditions en langue originale :
- Del modo di fortificare le città, Venise, per Domenico e Cornelio de’ Nicolini da Sabio, 1556.
- Del modo di fortificare le città, Venise, per Domenico e Cornelio de’ Nicolini da Sabio, 1560.
- Delle offese et diffese delle città, et fortezze, Venise, Appresso Tomaso Baglioni, 1601 ; Venise, Ruberto Meietti, 1601.[11]
Traduction du XVIe :
- La manière de fortifier villes, chasteaux, et faire autres lieux forts, mis en francoys par le seigneur de Béroil, traduit par Françoys de La Treille, Lyon, chez Guillaume Rouillé, 1556.[12]
Bibliographie (du plus ancien au plus récent) :
- 1566 : Girolamo Ruscelli, Le imprese illustri, Venise, Francesco Rampazetto, 1566.
- 1810 : Luigi Marini, Architettura militare di Francesco De’ Marchi, Tome I, parte II, Rome, Mariano de Romanis e figli, 1810.
- 1841 : Carlo Promis, Dell’arte dell’ingegnere e dell’artiglierie in Italia dalla sua origine sino al principio del XVI secolo, Turin, Tipografia Chirio e Mina, 1841.
- 1874 : Carlo Promis, Biografie di ingegneri militari italiani dal secolo XIV alla metà del XVIII, in Miscellanea di storia italiana, Tome XIV, Turin, Fratelli Bocca Librai, 1874.
- 1880 : Eduardo de Marategui, El Capitan Cristóbal de Rojas: ingeniero militar del siglo XVI, Madrid, Imprenta del memorial de ingenieros, 1880.
- 1994 : Philippe Bragard, “À propos de l’édition française du traité de fortification de Giovanni Battista Bonadio De Zanchi (1556)”, in Marino Viganò (éd.), Architetti e ingegneri militari italiani all'estero dal XV al XVIII secolo, Istituto Italiano dei Castelli, Livorno, Sillabe, 1994, pp. 137-151.
- 2002 : Paul Breman, Books on Military Architecture Printed in Venice, 't Goy-Houten, Hes & de Graaf Publishers, 2002.
- 2021 : Virgilio Ilari, Scrittori Militari Italiani dell’età moderna. Dizionario bio-bibliografico 1419-1799, Rome, Nadir: Media, 2021.
Notes
[1] Ruscelli 1566, p. 494.
[2] Promis 1874, p. 396. Voir aussi Giampiero Brunelli, “Ottavio Farnese, duca di Parma”, Dizionario Biografico degli Italiani, Volume 79, 2013 (online).
[3] Voir la lettre que Ruscelli adresse à Nicola Manuali (Zanchi 1554, p. 60-63).
[4] Ruscelli 1566, p. 494. L’avis est partagé par Philippe Bragard qui écrit que Zanchi fut le “premier à ne parler que de fortification, premier auteur de ce genre traduit en français, son traité connaît six éditions en moins de cinquante ans, et il est copié en Angleterre moins de cinq ans après l’editio princeps.” (Bragard 1994, p. 138). Bragard exclut en effet deux ouvrages publiés précédemment et qui abordent la question des fortifications – en l’occurrence, le Vallo (1521) de Giovan Battista della Valle et les Quesiti et inventioni diverse (1546) de Nicolò Fontana dit Tartaglia – car il reflète pas l’approche moderne de l’architecture militaire (Bragard 1994, p. 141, n. 22).
[5] Ruscelli 1566, p. 493.
[6] Selon Paul Breman, il est probable que Zanchi ait fait la connaissance, au cours de ces années, de Giovanni Battista Belluzzi, dit le Sanmarino, qui servait dans la même armée et qui trouva d’ailleurs la mort à Sienne en 1554 (Breman 2000, p. 381). Toujours selon Breman, Zanchi aurait en outre été l’ami de l’érudit et ingénieur militaire toscan Girolamo Maggi (ibid.). Il est vrai que ce dernier décrit Zanchi comme un “huomo ingegnosissimo e di valore” (Girolamo Maggi, “Discorso sopra la fortificatione degli alloggiamenti de gli esserciti”, in Girolamo Maggi et Giacomo Castriotto, Della fortificatione delle città, Venezia, appresso Camillo Borgominiero, 1584, I, XI, p. 26), ce qui indiquer, sinon un lien d’amitié, au moins une admiration de Maggi pour les qualités de Zanchi.
[7] Promis 1874, p. 396.
[8] Ruscelli 1566, p. 494.
[9] Promis 1874, p. 396.
[10] Promis 1874, p. 396.
[11] Il s’agit d’un recueil intitulé Delle offese et diffese delle città et fortezze qui comprend également des textes de Giacomo Lanteri (Due dialoghi,Duo libri) et d’Antonio Lupucini (Dell’architettura militare, Discorsi militari). Dans cette édition le nom de l’auteur est erroné (“Girolamo ou Gieronimo”) ce qui a induit certains en erreur comme s’en offusque Carlo Promis qui considère Tommaso Baglioni comme un “uomo nato per sconciar libri” (Promis 1841, p. 105).
[12] Ce texte a fait l’objet de polémique quant à son attribution. Il semble que certains l’aient pris pour une traduction du traité sur les fortifications d’Albrecht Dürer mais Eduardo de Maretegui montra que ça n’était pas le cas et que l’œuvre dépendait en revanche du Del modo di fortificare le città de Zanchi (Mariategui 1880, p. 221). Dés 1841, Carlo Promis avait établi le lien conduisant au traité italien, dénonçant même la version de La Treille comme un plagiat de l’œuvre originale, et ce malgré la mention “mys en francois” qu’il ne jugeait pas assez explicite (Promis 1841, p. 105). Philippe Bragard, en 1994, la considérait également comme “lourde d’équivoque” et posait donc la question : “est-il l’auteur, ou simplement le traducteur? Il n’a bien sûr garde de le préciser.” (Bragard 1994, p. 138). Le fait La Treille ne mentionne pas le nom de l’architecte italien ni même la langue dans laquelle le texte était originellement rédigé peut effectivement paraître suspect, néanmoins l’indication “mis en francoys” semble assez explicite, et ce d’autant plus qu’elle figure dans le titre même de l’ouvrage.
Giovanni Battista Bonadio de’ Zanchi, dans "Biographies des auteurs de textes militaires", Ancient Texts of Military Art © 2023 by Michel Pretalli is licensed under CC BY-NC-ND 4.0
Biography :
Giovanni Battista Bonadio de' Zanchi was born in 1515 in Pesaro. Born into a noble family, the young Zanchi studied the art of war in his native city or in Venice, embarking on a successful military career, perhaps in the service of the Duke of Urbino - "del qual è suddito per natura" [1] –in the early years. In 1543 he held the rank of captain, and in 1546 he took part in Charles V's military campaign against the Smalkalde League as part of a contingent of 12,000 infantry and 500 cavalry sent by Pope Paul III and placed under the command of Octavian Farnese.[2] In 1547, Zanchi was able to return to Pesaro where he wrote his treatise Del modo di fortificare le città, which circulated in manuscript form before being printed in 1554, at the instigation of Girolamo Ruscelli. [3]
According to Ruscelli, Zanchi was the first to write and publish a text describing the methods of modern fortifications ("alla moderna"), i.e. those based on flanking fire, the most representative element of which is the bastion.[4] But the Viterbo scholar, who held Zanchi in high esteem, points out that Zanchi confirmed in practice all that he was able to show in theory, thus distinguishing himself by a rare competence, since it was based on knowledge and on experience that was constantly renewed and thus refined, as illustrated by his impresa :
“Dicono, che l’acqua de’ pozzi col venirsi cauando, si fa migliore.”[5]
Zanchi took up arms again a few years later in the service of King Philip II of Spain, as a soldier and engineer, participating in the War of Siena,[6] and then in the War of the Carafa (1553-1557), where he distinguished himself under the ensigns of Marcantonio Colonna as part of the military operations undertaken near Naples against the forces of Pope Paul IV.[7]
After the war, Zanchi stayed in Pesaro and Venice. The Venetian authorities employed him as an engineer, sending him to the island of Cyprus between 1561 and 1563, where, according to Ruscelli, he distinguished himself "in cose importanti".[8] After another few years in his native city, Zanchi seems to have returned to Ragusa as an engineer, still in the employ of the Serenissima.[9] Then, back in Pesaro, he took part in the operations led in 1573 by Duke Guidobaldo II della Rovere to quell a protest movement by the population of Urbino. [10]Giovan Battista Zanchi died in 1586.
Works :
Del modo di fortificare le città, Venice, Plinio Pietrasanta, 1554.
Other editions in original language:
- Del modo di fortificare le città, Venice, per Domenico e Cornelio de’ Nicolini da Sabio, 1556.
- Del modo di fortificare le città, Venice, per Domenico e Cornelio de’ Nicolini da Sabio, 1560.
- Delle offese et diffese delle città, et fortezze, Venice, Appresso Tomaso Baglioni, 1601 ; Venice, Ruberto Meietti, 1601.[11]
16th century translations
- La manière de fortifier villes, chasteaux, et faire autres lieux forts, mis en francoys par le seigneur de Béroil, traduit par Françoys de La Treille, Lyon, chez Guillaume Rouillé, 1556.[12]
Bibliography (oldest to newest) :
- 1566 : Girolamo Ruscelli, Le imprese illustri, Venice, Francesco Rampazetto, 1566.
- 1810 : Luigi Marini, Architettura militare di Francesco De’ Marchi, Tome I, parte II, Rome, Mariano de Romanis e figli, 1810.
- 1841 : Carlo Promis, Dell’arte dell’ingegnere e dell’artiglierie in Italia dalla sua origine sino al principio del XVI secolo, Turin, Tipografia Chirio e Mina, 1841.
- 1874 : Carlo Promis, Biografie di ingegneri militari italiani dal secolo XIV alla metà del XVIII, in Miscellanea di storia italiana, Tome XIV, Turin, Fratelli Bocca Librai, 1874.
- 1880 : Eduardo de Marategui, El Capitan Cristóbal de Rojas: ingeniero militar del siglo XVI, Madrid, Imprenta del memorial de ingenieros, 1880.
- 1994 : Philippe Bragard, “À propos de l’édition française du traité de fortification de Giovanni Battista Bonadio De Zanchi (1556)”, in Marino Viganò (éd.), Architetti e ingegneri militari italiani all'estero dal XV al XVIII secolo, Istituto Italiano dei Castelli, Livorno, Sillabe, 1994, pp. 137-151.
- 2002 : Paul Breman, Books on Military Architecture Printed in Venice, 't Goy-Houten, Hes & de Graaf Publishers, 2002.
- 2021 : Virgilio Ilari, Scrittori Militari Italiani dell’età moderna. Dizionario bio-bibliografico 1419-1799, Rome, Nadir: Media, 2021.
Notes
[1] Ruscelli 1566, p. 494.
[2] Promis 1874, p. 396. See also Giampiero Brunelli, “Ottavio Farnese, duca di Parma”, Dizionario Biografico degli Italiani, Volume 79, 2013 (online).
[3] See Ruscelli's letter to Nicola Manuali (Zanchi 1554, p. 60-63).
[4] Ruscelli 1566, p. 494. The opinion is shared by Philippe Bragard who writes that Zanchi was the "first to speak only of fortification, the first author of this genre to be translated into French, his treatise went through six editions in less than fifty years, and it was copied in England less than five years after the editio princeps". (Bragard 1994, p. 138). Bragard excludes two previously published works that deal with fortifications - in this case, the Vallo (1521) by Giovan Battista della Valle and the Quesiti et inventioni diverse (1546) by Nicolò Fontana, known as Tartaglia - because it does not reflect the modern approach to military architecture (Bragard 1994, p. 141, n. 22)
[5] Ruscelli 1566, p. 493.
[6] According to Paul Breman, it is likely that during these years Zanchi met Giovanni Battista Belluzzi, known as the Sanmarino, who served in the same army and who died in Siena in 1554 (Breman 2000, p. 381). According to Breman, Zanchi was also a friend of the Tuscan scholar and military engineer Girolamo Maggi (ibid.). It is true that the latter described Zanchi as a "huomo ingegnosissimo e di valore" (Girolamo Maggi, "Discorso sopra la fortificatione degli alloggiamenti de gli esserciti", in Girolamo Maggi and Giacomo Castriotto, Della fortificatione delle città, Venezia, appresso Camillo Borgominiero, 1584, I, XI, p. 26), which indicates, if not a bond of friendship, at least Maggi's admiration for Zanchi's qualities.
[7] Promis 1874, p. 396.
[8] Ruscelli 1566, p. 494.
[9] Promis 1874, p. 396.
[10] Promis 1874, p. 396.
[11] It is a collection entitled Delle offese et diffese delle città et fortezze which also includes texts by Giacomo Lanteri (Due dialoghi, Duo libri) and Antonio Lupucini (Dell'architettura militare, Discorsi militari). In this edition the name of the author is wrong ("Girolamo or Gieronimo"), which has misled some people, as Carlo Promis takes exception to, considering Tommaso Baglioni to be "an uomo nato per sconciar libri" (Promis 1841, p. 105).
[12] This text has been the subject of controversy as to its attribution. It seems that some mistook it for a translation of Albrecht Dürer's treatise on fortifications, but Eduardo de Maretegui showed that this was not the case and that the work depended instead on Zanchi's Del modo di fortificare le città (Mariategui 1880, p. 221). As early as 1841, Carlo Promis had established the link leading to the Italian treatise, even denouncing La Treille's version as a plagiarism of the original work, despite the mention "mys en francois" which he did not consider explicit enough (Promis 1841, p. 105). Philippe Bragard, in 1994, also considered it "fraught with ambiguity" and therefore asked the question: "Is he the author, or simply the translator? Of course, he is careful not to specify. (Bragard 1994, p. 138). The fact that La Treille does not mention the name of the Italian architect or even the language in which the text was originally written may indeed seem suspicious, but the indication "mis en francoys" seems quite explicit, all the more so as it appears in the title of the work itself.
- Titre
- Giovanni Battista Bonadio de’ Zanchi
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