Gudianus p. 106
Hygini Gromatici Constitutio <Limitum>
mundo terra. Aduo(B242)candum est nobis gnomonices summae ac diuinae artis elementum : explicari enim desiderium nostrum ad uerum nisi per umbrae momenta non potest. Ortum enim aut occasum ne ab extrema quidem parte orbis terrarum peruidere quisquam potest, cum a sapientibus tradatur terram punctum (P92V) esse caeli et infra solem amplo diastemate spiritum sumere. Nam et Archimeden, uirum praeclari ingenii et magnarum rerum inuentorem, ferunt scripsisse quantum arenarum capere posset mundus, si repleretur. Credamus ergo illum diuinarum rerum magnitudinem ante oculos habuisse. Qua ratione, (B243) dicamus, tot saeculis unus mortalium hoc scire potuerit ? Vnus propter hoc laborauit et per incrementa umbrarum deprehendit. (A130) Caeli autem punctum terram esse [certam] sic describunt, quod dicant a polo ad Saturni circulum interuallum esse quod Graeci hemitonion appellant ; a Saturno deinde ad Iouem hemitonion ; ab hoc deinde ad Martem tonon ; a Marte deinde ad solem ter tantum esse quantum a polo ad Saturnum, hoc est trihemitonion ; a sole deinde tantum esse ad Venerem ; quantum a Saturno ad Iouem, (B244) hemitonio ; a Venere deinde ad Mercurium hemitonion ; a Mercurio deinde ad lunam tantundem, hemitonion ; a luna ad terram tantum quantum a polo ad Iouem, tonon. Sic terram punctum caeli esse ostendunt ; nam et ars musica per haec diastemata constare fertur
Hygin l'Arpenteur, L'établissement des limites
la terre par rapport à l'univers. Il nous faut recourir aux éléments de la gnomonique, art sublime et divin : car l'élan qui nous porte vers le vrai ne saurait se développer que par le recours aux mouvements de l'ombre. On ne saurait en effet avoir une vue effective du lever ni du coucher, pas même depuis l'extrémité du monde, puisque, selon les savants, la terre est le centre de la sphère céleste et que, placée sous le soleil, à une grande distance, elle en reçoit la vie. En effet Archimède, illustre intelligence et grand découvreur, a écrit, d'après la tradition, un traité sur le nombre de grains de sable que pourrait contenir l'univers si on l'en emplissait. Nous pouvons donc bien croire qu'il avait devant les yeux la grandeur des choses divines. Pour quelle raison, pourrait-on se demander, n'y a-t-il eu en tant de siècles qu'un seul mortel capable de savoir cela ? Il a été le seul à travailler pour cela et, s'il l'a saisi, c'est grâce à l'accroissement des ombres.Quand ils décrivent la terre comme le centre du ciel, c'est pour dire que de la voûte céleste au cercle de Saturne il y a un intervalle d'un demi-ton, (hemitonion en grec) ; ensuite, de Saturne à Jupiter, un demi-ton ; ensuite, de celui-ci à Mars, un ton ; ensuite, de Mars au Soleil, trois fois l'intervalle du ciel à Saturne, c'est-à-dire trois demi-tons ; ensuite, du soleil à Vénus, autant que de Saturne à Jupiter, un demi-ton ; ensuite, de Vénus à Mercure, un demi-ton ; ensuite, de Mercure à la lune, autant : un demi-ton ; de la lune à la terre, la même distance que de la voûte céleste à Jupiter : un ton. Ainsi montrent-ils que la terre est le centre du ciel ; en effet, la musique aussi repose, selon la tradition, sur ces intervalles