Le projet de restitution d’un parcours dans Besançon antique s’inscrivait dans le cadre de l’exposition « De Vesontio à Besançon : la ville s’expose » (12 mai – 31 décembre 2006), organisée sous les auspices de la Municipalité de Besançon. Malgré l’aspect spectaculaire de certaines découvertes archéologiques, aucune des structures mises au jour ces quinze dernières années n’a été conservée en place. Le recours aux techniques de restitution virtuelle et de production d’images de synthèse est apparu dans ce contexte comme le choix le plus judicieux pour donner à voir ce que fut le passé antique de la ville.
Nous ne pouvons pas évidemment prétendre restituer, dans les moindres détails, tous les aspects d’une cité antique, car nous le constatons quotidiennement, le passé ne nous parvient que de manière fragmentaire. Pour plusieurs édifices antiques de Besançon les structures in absentia constituent l’essentiel d’un patrimoine connu mais invisible, ce qui exclut toute possibilité de parvenir, par déduction mécanique et hypothétique, à la restitution d’une image vraisemblable de l’objet archéologique. De fait, nous partons du postulat qu’une restitution, malgré la part d’hypothèse qu’elle contient, comme n’importe quelle autre approche archéologique, n’est pas la production d’esprits inventifs. Dans le cadre de ce projet, nous nous sommes attachés à privilégier une image partielle mais scientifiquement vraisemblable en limitant la restitution à celle de certains quartiers et de quelques édifices et monuments connus et déjà étudiés.
Les modèles tridimensionnels produits s’organisent essentiellement autour de thématiques suivantes :
- d’abord la topographie et le paysage du site antique.
- ensuite, son urbanisme avec la restitution des éléments, pour lesquels nous disposons des indices matériels les plus fiables, comme par exemple le mur de fortification de l’oppidum gaulois ou encore la zone d’activité portuaire de la ville romaine exhumée dans le secteur des remparts Dérasés
- puis les édifices et les monuments publics les mieux documentés tels que l’amphithéâtre ou encore l’arc de triomphe connu sous le nom de « Porte noire »,
- enfin la dernière catégorie est constituée par l’habitat privé et les bâtiments à vocation artisanale. Cette catégorie est celle pour laquelle nous avons le plus d’informations grâce aux fouilles récentes du parking de la Mairie, du Palais de justice, des remparts Dérasés et du collège Lumière.
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Sur le plan technique nous avons voulu rester le plus près possible de la réalité archéologique. À partir des relevés des fouilles nous avons modélisé en 3D tous les éléments des structures qui ont été exhumées. Par exemple pour la restitution du murus gallicus nous avons modélisé pièce par pièce, tous les blocs qui ont été trouvés et nous les avons utilisés par la suite pour compléter les parties manquantes de son élévation. Cela nous a permis d’aboutir à une image relativement pertinente de son appareil et de l’agencement de ses blocs.
À travers les différentes restitutions, notre objectif est de montrer, comme le souligne fort à propos Jean-Claude Golvin, qu’une image, « basée sur les signes les plus significatifs d’une ville peut donner une idée générale de celle-ci, certes perfectible mais crédible et bien meilleure que celle que l’on avait avant la réalisation de ces restitutions ». Les contraintes des fouilles sur le terrain et les résultats forcément partiels des découvertes ne doivent pas nous conduire à penser qu’une restitution partielle d’un site ou d’un objet archéologique est incompatible avec la vraisemblance historique. Il nous faut prendre en considération le caractère métonymique des restitutions archéologiques et considérer que la partie peut-être représentative du tout. C’est cette démarche qui a présidé à notre souci de représentation de l’urbanisme antique de Besançon.