Professeur, Histoire du Droit, Univ. Paris 13 - Paris-Nord (DCS, UMR n°3128)
Équivalences et traductions de l'Antique dans la première Modernité : du « civis » au « bourgeois »
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Résumé
Les mots « bourgeois » et « bourgeoisie » apparaissent au cœur de l'époque féodale, mais les dictionnaires de traduction attestent qu'une correspondance étroite est établie avec le citoyen et la citoyenneté antique, accentuée par le fait que ce mot même de « citoyenneté » n'est créé qu'à la fin du XVIIIe siècle. Bourgeoisie est donc l'un des termes les plus utilisés pour rendre « Civitas » dans ce sens-là, jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Les traductions françaises des Institutes de Justinien permettent d'affiner la chronologie : « bourgeois » s'efface pour traduire « civis » dès le début du XVIIe siècle. Le droit de cité étant un concept purement juridique, il en résulte qu'aucune correspondance n'est établie entre la bourgeoisie moderne et des groupes sociaux antiques, alors que le terme de « bourgeoisie » a pu être employé jusqu'au début du XVIIIe siècle pour exprimer la naturalité française. On a même pu arguer du parallèle entre l'empire romain et le royaume de France pour fonder la prééminence de la coutume de Paris, comme droit commun du royaume, à l'instar du droit de Rome dans l'empire. C'est le développement de la notion de souveraineté, et Bodin, relayé par Rousseau, qui vont éloigner la citoyenneté, conçue comme englobante sur le modèle antique, et les bourgeoisies, nécessairement locales à l'époque moderne.