Maitre de Conférences, Histoire du Droit, Univ. Franche-Comté (CRJFC EA 3225) - associé ISTA
La Révolution française, révolution de droits antiques ?
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Résumé

Les rapports de la Révolution française avec l'Antiquité gréco-latine ont été parfois explorés, tant dans le contexte révolutionnaire et post-révolutionnaire, par des Chateaubriand et des Constant..., que dans l'historiographie de la Révolution française au XIXe et surtout au XXe siècle. Ces tentatives demeurent rares et limitées, malgré l'impression générale d'une forte présence de l'Antiquité classique dans la Révolution, impression relayée et entretenue par le vocabulaire (« thermidor », « Anciens », «Cinq-cents», «Consuls»...) comme par les arts graphiques (J.-L. David) caractéristiques ou emblématiques de la Révolution et de l'Empire. Aucun des ouvrages ou des travaux sur le sujet ne parvient à une démonstration convaincante d'une influence substantielle de l'Antiquité sur la politique, sur les institutions ou sur la législation révolutionnaires.

La Révolution française n'apparaît donc pas comme « révolution de droit antique » (selon le titre de l'ouvrage de J. Bouineau), et il s'agit ici de rechercher les raisons pour lesquelles l'Antiquité n'est pas – ne peut pas être – une source ou un modèle pertinent pour les acteurs de la période dans les domaines politiques et juridiques. Ces raisons qui tiennent à la fois au contexte culturel et intellectuel du XVIIIe siècle et de la Révolution, c'est-à-dire aux amphibologies de l'Antiquité, lesquelles permettent à tous les partis de s'en prévaloir, et aux principes mêmes sur lesquels s'établit la Révolution dès son commencement : ce sont ces raisons que nous développerons au cours de notre intervention. Nonobstant, au terme de la réflexion, il apparaît que l'Antiquité joue bien un rôle à l'égard de la Révolution française, mais ce rôle est bien plus celui d'un instrument de réflexion sur la Révolution française, que celui d'un modèle de et dans la Révolution française. En cela, l'Antiquité entame, dans les premières années du XIXe siècle une carrière historiographique caractéristique de la Période contemporaine.