Index et Pétrone
Une réflexion a été menée au sein de l'axe 1 pour enrichir et affiner l’Index thématique des références à l’esclavage et à la dépendance principalement dans une première partie concernant les « particularités linguistiques » où une place a été réservée aux différentes subdivisions de la grammaire traditionnelle : nous trouvons ainsi la phonétique, la morphologie, la syntaxe et le lexique. Toutes ces catégories se justifient pleinement car elles permettent une meilleure approche des dépendants chez un auteur. Ce sont en fait plusieurs fonctions et valeurs du discours qui sont dorénavant prises en compte ainsi que les différentes variations intervenant dans la langue, pour nommer, désigner et caractériser des individus dépendants : la fonction autotélique du discours, au sens où il ramène l'attention sur sa propre matière se manifeste au-delà du seul cas du texte poétique, et cela est d’autant plus vrai lorsque cette fonction accompagne une création lexicale comme souvent chez Pétrone. La ventilation thématique est regroupée pour plus de clarté dans un index structuré en 5 parties : les énoncés, les structures juridiques, l’économie, les domaines politique et social et enfin la religion. Il faut faire abstraction, à ce niveau, des connaissances déjà établies et qui pourraient inciter à sur-interpréter le texte, à prendre les données de façon moins objective aussi bien dans le relevé du statut de l’individu que pour les informations le concernant.
Sous une apparente lisibilité, le discours de Pétrone présente de nombreux pièges et un nombre encore plus grand d’allusions, plus ou moins obscures, qui demandent à être décodées, en particulier en ce qui concerne les dépendants, objets du discours et cependant souvent masqués lorsqu’il s’agit des esclaves. Dans un premier temps il nécessite la constitution d'un corpus regroupant tous les éléments concernant les dépendants ou la dépendance saisis dans leur environnement lexical et dans un énoncé défini : les esclaves en premier lieu sous toutes les appellations repérables et certaines, puis les affranchis (anciens esclaves), mais aussi nombre de personnages de statut indéterminé dont les occupations, les comportements, l'attitude, laissaient présumer un état de dépendance. L’incertitude sur le statut vient de Pétrone lui-même qui n’éprouvait sans doute pas le besoin de préciser le statut de personnages connus ou reconnaissables du tout-Rome ou dont l’importance était moindre. Cela donne plus de valeur au statut exprimé, car l’on peut penser que lorsqu’un individu est clairement défini par sa place dans la société, il serait alors possible d’y voir une intention de l’auteur, une volonté d’insister sur la description connotée d’un individu.
La constitution de ce corpus a demandé une grande rigueur ; elle a été menée sans a priori et sans tenir compte de l’importance du thème abordé. C’est, dans un premier temps, une accumulation de faits - une mise à plat du texte - qui doit nous amener ensuite, en analysant et reconstituant le discours à une compréhension de la mentalité, le plus souvent occultée, de Pétrone. Avant toute démarche d’investigation, il a fallu replacer ces données dans l’analyse globale d’un discours ayant sa propre spécificité et qui rassemble un nombre important d’informations n’ayant que peu ou pas de relations avec l’esclavage ou la dépendance ; et donc apprécier, dans ce que nous appelons un fichier-image, les moments du discours où interviennent les dépendants. La tâche est facilitée chez Pétrone puisque nous avons à faire à un grand thème central, celui du banquet et à des personnages dominants appartenant majoritairement au groupe des affranchis.
C’est sans aucun doute grâce à sa créativité linguistique et par la création lexicale que Pétrone fait ressortir le mieux le phénomène de la dépendance, rendant les individus inhabituels à la norme romaine. Le repérage ainsi effectué dans la thématique d’ensemble de l’œuvre, on relève pour chaque occurrence - jusqu’à la plus insignifiante - les informations la concernant et ceci dans un contexte fini qui ne recouvre pas nécessairement l’ensemble d’un paragraphe mais qui forme un tout.