Ampurias
Le module métrologique utilisé par les Grecs était facilement adaptable au module romain, 100 pieds de 0,35m approchant la valeur d'un "actus" romain. Ainsi la trame pré-romaine a-t-elle été probablement transformée en une centuriation d'un module de 20x20 "actus". On peut penser que le réseau a été développé en fonction des nouvelles formes d'organisation et d'exploitation du sol : modification de la hierarchie des "limites", du marquage, etc. On constate l'articulation du parcellaire en bordure d'une voie NO-SE qui ne semble devenir importante qu'au moment de la division romaine du territoire. Il pourrait s'agir du "kardo maximus", voire d'un segement de la "via Domitia" (Polybe, III, 39).
Le parcellaire rural s'organise selon la même orientation que les "limites" urbains : il sont tous orientés à N 15/16° O.C'est grâce à l'emprise de cette trame que l'on peut se faire une idée de l'extension territoriale au moment du developpement de la "polis" commerciale.
Ce système de limitation et d'aménagement de l'espace a permis de rationaliser l'occupation et l'exploitations rurale de la "chora". Le paysage est maîtrisé via des aménagements (terrasses,etc.) qui ont contribué à la stabilité du paysage dans la longue durée.
Dans ce secteur sableux, la construction de murets en pierre sèche a favorisé la lutte contre l'érosion, tout en contribuant à inscrire dans le paysage la trame du cadastre de la "chora". Réparties de façon régulières dans ces murets, des bornes de pierres délimitent des segments équidistants, de plusieurs valeurs : 17, 18, 33, 35 et 70m. Ces distances ont été rapportées au système métrologique romain, 1 "actus" correspondant à 63,5m, mais l'analyse métrologique plaide en faveur d'un système métrique grec. Les intervalles sont alors à lire comme des équivallence de mesures de 50, 100 et 200 pieds ioniens.