Chora d'Emporion (Espagne)
On sait que le consul Caton fut envoyé à Emporion en 195 pour pacifier des révoltes. Les réaménagements territoriaux modifient la colonie grecque qui semble perdre alors son numéraire. Selon l'archéologie, le site de la future ville romaine est occupé dès 175 av.n.è. par une population indigène, mais simultanément un "praesidium" est construit. Un monnayage de bronze, à légende ibérique, porte des noms probables de magistrats d'origine indigène romanisés : "Iskerbeles", "Iltirarker" et "Atabels" cotoient "Tiberi" et Luci". L'intervention romaine a modifié l'organisation des sociétés indigènes au détriment du pouvoir exercé par la colonie grecque.
La majorité des sites de la période romano-républicaine s'articule au maillage du cadastre grec, témoignant de la perennité de l'occupation du réseau primaire. Les sites romano-républicains sont des petites fermes, avec des silos, des toitures en "tegulae", mais la majorité de la céramique reste de tradition indigène. La ferme du site de "Camp del Bosquet", à Camallera, est occupé du milieu du IIe s.av.n.è. jusqu'à l'époque augustéenne. Il pourrait correspondre à l'installation nouvelle d'indigènes, consécutive à une redistribution romaine des terres. Ces terres ont pu être concédées selon un régime de "possessio" et soumises au vectigal.
Le territoire rural et le centre urbain ont été divisés selon le même module métrologique, ce qui attesterait de la simultanéité des deux opérations.
L'occupation du territoire est différentielle : à proximité d'Emporion une voie Nord-Sud est bordée de nécropoles grecques. Plus au Sud, cet axe limite les "kleroï" bien dessinés de la zone des terres sableuses, et se dirige vers les terres méridionales. La voie est jalonnée par les établissemnts ruraux pré-romains de "Muntanya Rodona" et "Puig de les Sorres" (actuel "L'Escala").