Corpus Agrimensorum Romanorum
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Longtemps présentés comme un des acteurs gromatiques les plus anciens, il est désormais acquis qu'Hygin s'inscrit dans une fourchette chronologique précise qui le rattache au mouvement de reprise en main des terres par l'autorité de l'État, de Vespasien à trajan. Dans ce cadre, les sciences et les techniques gromatiques connaissent un regain de vitalité, regain auquel ont concouru les auteurs-patriciens cités ci-dessus. Hygin occupe peut-être une place originale dans ce renouveau, dans la mesure où il apparaît plus comme un abréviateur de thèmes et de problèmes évoqués plus largement par les autres auteurs gromatiques. Il ne faudrait pas cependant minimiser son intérêt puisqu'il nous permet souvent de mieux appréhender un certain nombre de problèmes, notamment grâce à l'utilisation d'un vocabulaire souvent original qui vient, de fait, élargir le lexique technique et nous offrir un tableau affiné de l'art des arpenteurs.
Nous sommes en présence, comme chez Hygin l'Arpenteur, d'une tentative de formalisation du savoir technique des arpenteurs, mais également, et peut-être pour la première fois d'une manière aussi marquée, d'une formalisation juridique. Cette dernière s'exprime notamment à travers la classification qu'opère Frontin à propos des controverses sur les sols, les propriétés, les limites, etc. Cette typologie constitue le coeur d'un ouvrage, dont l'ultime partie, consacrée à l'"art de la mesure", a posé tant de questions aux chercheurs. Frontin, dans la production littéraire duquel l'oeuvre gromatique n'est qu'un aspect, modélise et tente de rationaliser une connaissance, pratique et savante, à destination d'un public d'arpenteurs que le dernier tiers du Ier siècle de notre ère met à contribution dans la réorganisation des terres publiques.
Ce volume présente la première traduction d'un traité d'arpentage écrit au Ier siècle de notre ère, conservé et illustré par des manuscrits antiques et médiéveaux à partir du Ve siècle. L'ouvrage est consacré à la conception et à la construction des limites orthogonales qui dessinent et structurent les paysages volontaires antiques, dont l'orientation et le quadrillage symbolisent l'ordre cosmique et l'harmonie du monde. Mais si les principes de base ont déterminé un modèle d'organisation et d'aménagement hiérarchisé du territoire, il s'est adapté aux contraintes du milieu et aux nécessités de l'histoire. D'où l'existence de cas de figures multiples qu'illustrent les nombreuses vignettes. Le modèle, essentiellement consacré aux territoires des colonies, intègre en souplesse les divers niveaux, publics et privés, d'organisation spatiale, de production et de vie sociale. L'auteur présente ici le territoire de chaque cité, avec la place de son cadastre centurié, comme une image du monde.