Épigraphie et territoires du monde romain
Cette action se compose de trois volets en fonction des zones géographiques étudiées (cliquer sur le titre pour plus de détails):
- Épigraphie et territoire de la civitas des Médiomatriques (Audrey Becker)
- Épigraphie et territoire des colonies romaines d'Orient (Hadrien Bru)
- Épigraphie et territoire de la civitas des Séquanes (Bassir Amiri)
Épigraphie et territoire de la civitas des Médiomatriques - Audrey BECKER
Comité scientifique
- Audrey Becker (Professeure, université de Franche Comté, ISTA)
- Philippe Brunella (Musée de La Cour d’Or, directeur / Metz-Métropole, conservateur en chef du patrimoine)
- Francisca Feraudi-Gruénais (Heidelberger Akademie der Wissenschaften / JGU Mainz)
- Julien Trapp (Crulh, chercheur associé / Musée de la Cour d’Or, assistant principal de conservation du patrimoine)
Collaborations institutionnelles
Centre Régional Universitaire Lorrain d’Histoire, Université de Lorraine
Musée de La Cour d’Or, Metz-Eurométropole.
Les Médiomatriques dans l’Empire romain, romanisation des identités et du territoire
Le but premier de ce projet est d’étudier comment se re/construit une société après avoir été soumise militairement. À partir de l’analyse des sources épigraphiques (localisation géographique, types de bâtiments, textes), c’est la question de la romanisation du territoire de la civitas médiomatrique qui est au cœur de ce projet. À quel point cette société s’est-elle romanisée ? Comment cela se traduit-il sur l’aménagement de son territoire urbain – en particulier sa capitale Divodurum –, et rural ? Comment les sources épigraphiques contribuent-elle à améliorer notre connaissance de ce territoire ?
Objectifs : Des productions scientifiques de trois types
- la publication d’un catalogue analytique et exhaustif de la collection des inscriptions sur pierre s’adressant à la communauté scientifique nationale et internationale. Ce catalogue comportera une analyse détaillée de l’ensemble des inscriptions. Le nombre d’inscriptions référencées à ce jour est de 406. Ce chiffre est susceptible d’augmenter encore au fur et à mesure de l’avancée du projet. La publication se fera dans les collections des Presses Universitaires de l’Est avec un co-financement du Musée de La Cour d’Or de Metz - Eurométropole, du Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire de l’Université de Lorraine et de l’ISTA. Elle est programmée pour le premier semestre 2026.
- Une série de publications d’ouvrages de vulgarisation scientifique à destination du grand public (visiteurs du Musée, public intéressé par l’archéologie locale, public scolaire) publiées dans les différentes collections du musée. Le premier volume sera publié en 2027 dans la collection Mémoire des Réserves aux éditions Snoeck.
- La déclinaison informatique en open access du catalogue analytique par le biais d’une base de données photographique de l’ensemble de ces inscriptions ainsi que de leurs commentaires épigraphiques et historiques, leur donnant une visibilité accrue permettant de toucher un très large public. La valorisation de cette base de données sera optimale grâce à l’emploi de EDEp (Editing Tools for a Digital Epigraphy), outil actuellement développé dans le cadre d’un projet de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) et se fera en collaboration avec le projet Ephemeris Epigraphica Electronica (EEE) actuellement coordonné par l’Heidelberger Akademie des Wissenschaften.
Par ailleurs, les notices auront également vocation à alimenter la base de données en open-access POP (Plate-forme ouverte du Patrimoine) du Ministère de la Culture. La participation à cette plate-forme institutionnelle permettra d’assurer la pérennité de la conservation des données.
Premières actions
- Organisation d’une journée d’étude le 12 mars 2024 : Épigraphie de la Gaule Belgique. État des lieux qui a eu lieu au Musée de La Cour d’Or à Metz.
- Conférences :
A. Becker, « Recueil des inscriptions latines du Musée de la Cour d’Or – Metz Métropole. État des lieux et perspectives », conférence à la SFER, Paris, 12 mars 2023
A. Becker, J. Trapp, « Autour de la collection gallo-romaine du Musée de la Cour d’Or », journée d’étude L’épigraphie de Gaule Belgique, état des lieux, Metz, 12 mars 2024.
Publications déjà parues ou sous presse en lien avec ce projet
Monographie
Audrey Becker, Julien Trapp, Recueil des inscriptions latines du Musée de la Cour d’Or de Metz, Presses historiques de l’Est, Nancy, sous presse (2026).
Ouvrages collectifs
Audrey Becker, Francisca Feraudi-Gruénais (dir.), Épigraphie de la Gaule Belgique, Dialogues d’histoire ancienne Supplément n° 2/2025, sous presse.
Philippe Brunella, Julien Trapp et Alain Bouet (dir.), Les thermes antiques de Metz. Évolution d’un îlot urbain de la Protohistoire à l’époque contemporaine, Gand – Metz, N=Snoeck, 2024.
Articles scientifiques
Audrey Becker, Julien Trapp, « Autour de la collection gallo-romaine du Musée de La Cour d’Or : l’épigraphie du cœur urbain de la cité des Médiomatriques », in Audrey Becker, Francisca Feraudi-Gruénais, Épigraphie de la Gaule Belgique. État des lieux, Dialogues d’histoire ancienne Supplément n° 2/2025, sous presse.
Audrey Becker, « La collection épigraphique du Musée de la Cour d’Or de Metz. Relectures et inscriptions inédites », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 230, 2024, p. 263-272.
Audrey Becker, « Note sur une épitaphe d’un prêtre de la cité des Médiomatriques trouvée dans les remblais d’une galerie des thermes », in Philippe Brunella, Julien Trapp et Alain Bouet (dir.), Les thermes antiques de Metz. Évolution d’un îlot urbain de la Protohistoire à l’époque contemporaine, Gand - Metz, 2024, p. 76-79.
Julien Trapp, « Le sanctuaire d’Icovellauna, déesse gauloise des eaux. Histoire d’une découverte singulière en Lorraine annexée (1882-1883) », Chancels, 2025, p. 31-38.
Présentation
De récents progrès en Histoire comme en Géographie historique de l’Orient gréco-romain sont permis par une datation paléographique et contextuelle historique accompagnée d’une spatialisation précise des inscriptions latines et grecques sur pierre. L’étude des territoires et de la documentation épigraphique réalisée à l’occasion de diverses prospections archéologiques et de la constitution de corpus épigraphiques des colonies romaines d’Orient aux époques républicaine et impériale ouvre des perspectives nouvelles concernant la compréhension et l’aménagement des espaces où vivaient des populations aux cultures métissées, qu’il s’agisse des colons romains ou des peuples autochtones plus anciens. Les approches de la territorialisation (cadastration, bornes, limites) mais aussi de la déterritorialisation des groupes socio-culturels (par des prosopographies externes) conduisent à une meilleure connaissance des tissus politiques, religieux, institutionnels des colonies romaines d’Orient, comme à celle des conséquences culturelles et linguistiques de la géopolitique coloniale romaine.
Objectifs
- Préparation du Corpus des inscriptions grecques et latines d’Antioche de Pisidie, colonie séleucide et romaine d’Anatolie (Turquie).
- Préparation de la publication de la Prosopographie externe des Pisidiens aux époques hellénistique et impériale romaine (d’après les sources épigraphiques, archéologiques et littéraires).
- Préparation du corpus épigraphique de la colonie romaine de Ratiaria (Mésie Supérieure), avec Kalin Stoev et Ivo Topalilov (Sofia, Bulgarie)
- Publication régulière d’inscriptions et d’études inédites dans les revues internationales d’Épigraphie et d’Histoire.
Publications
- H. Bru, « L’origine des colons romains d’Antioche de Pisidie », dans H. Bru, F. Kirbihler et S. Lebreton (éds), L’Asie Mineure dans l’Antiquité : échanges, populations et territoires. Actes du colloque international de Tours (21-22 octobre 2005), Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 263-287.
- H. Bru, G. Labarre (éds), L’Anatolie des peuples, cités et cultures (IIe millénaire av. J.-C.-Ve siècle ap. J.-C.). Autour du projet d’Atlas historique et archéologique de l’Asie Mineure antique. Actes du colloque international de Besançon (26-27 novembre 2010), avec G. Labarre, 2 vol., Presses Universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2013, 614 p. (28 cm).
- H. Bru, G. Labarre, G. Tirologos (éds), Espaces et territoires des colonies romaines d’Orient, Presses Universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2016, 194 p.
- H. Bru, « Le territoire d’Antioche de Pisidie à l’époque impériale romaine », dans H. Bru, G. Labarre & G. Tirologos (éds), Espaces et territoires des colonies romaines d’Orient, Presses Universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2016, p. 71-92.
- I. Topalilov, H. Bru, « P. Mummius Sisenna Rutilianus à Ratiaria (Mésie Supérieure) », Dialogues d’Histoire Ancienne, 42/2, 2016, p. 217-223.
- H. Bru, La Phrygie Parorée et la Pisidie septentrionale aux époques hellénistique et romaine. Géographie historique et sociologie culturelle, Mnemosyne Suppl. History and Archaeology of Classical Antiquity 401, Brill, Leiden-Boston, 2017, 426 p.
- H. Bru, « Antioche de Pisidie : hydrographie, imaginaire et territoire », dans A. Dan et S. Lebreton (éds), Études des fleuves d’Asie Mineure dans l’Antiquité, t. II, Artois Presses Université, Arras, 2018, p. 65-84.
- H. Bru, « Remarques sur la topographie et la toponymie de la Phrygie Parorée », dans J. Tavernier, E. Gorris, K. Abraham & V. Boschloos (éds), Topography and Toponymy in the Ancient Near East : Perspectives and Prospects, Peeters, Louvain, 2018, p. 3-18.
- H. Bru, « Remarques sur l’onomastique et l’acculturation en Phrygie Parorée », dans G.R. Tsetskhladze (éd.), Phrygia in Antiquity. From the Bronze Age to the Byzantine Period, Colloquia Antiqua 24, Peeters, Leuven-Paris-Bristol, 2019, p. 351-362.
- H. Bru, « Les Pisidiens à Rhodes aux époques hellénistique et romaine », Electrum, 27, 2020, p. 149171.
- H. Bru, A. Dumitru, N. Sekunda (éds), Colonial geopolitics and local cultures in the Hellenistic and Roman East (IIIrd century B.C. – IIIrd century A.D.), Archaeopress, Oxford, 2021, 228 p. (205x290 mm).
- H. Bru, « Les Thraces en Phrygie Parorée aux époques hellénistique et romaine » dans H. Bru, A. Dumitru & N. Sekunda (éds), Colonial geopolitics and local cultures in the Hellenistic and Roman East (IIIrd century B.C. – IIIrd century A.D.), Archaeopress, Oxford, 2021, p. 56-71.
- H. Bru, « Inscriptions d’Antioche de Pisidie dans les archives de l’Université du Michigan (Kelsey Museum, Ann Arbor) », Journal of Epigraphic Studies, 4, 2021, p. 111-162.
- K. Stoev, I. Topalilov, H. Bru, « Inscriptions de Ratiaria (Mésie Supérieure, Bulgarie) », Dialogues d’Histoire Ancienne, 48/2, 2022, p. 440-446.
- E. Laflı, H. Bru, S. İkibeş « Neuf inscriptions de Klaudiopolis de Cilicie (Mut) », Journal of Epigraphic Studies, 6, 2023, p. 173-199.
- H. Bru, « Les Sévères en Phrygie Parorée et en Pisidie », dans J. Hoffmann-Salz, M. Heil, H. Wienholz (éds), The Eastern Roman Empire under the Severans. Old Connections, new Beginnings, Vandenhoek & Ruprecht, Göttingen, 2024, p. 181-204.
Épigraphie et territoire de la civitas des Séquanes - Bassir AMIRI
Comité scientifique
- Bassir Amiri, Maître de conférences HDR, Université Marie et Louis Pasteur
- Sabine Lefebvre, Professeur, Université de Bourgogne Europe
- Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Professeur honoraire, Université Libre de Bruxelles
- Marietta Horster, Professeur, Johannes Gutenberg-Universität Mainz, en charge de la republication du volume XIII du Corpus Inscriptionum Latinarum.
- Christine Hoët-Van Cauwenberghe, Professeur, Université de Lille
- Julien Cosnuau, Responsable des collections d’archéologie, Musée des Beaux-Arts et d’archéologie de Besançon
Contexte
Le projet d’édition du corpus des inscriptions de Séquanie s’inscrit dans la continuité d’un projet né dans le contexte du rapprochement entre les universités de Franche-Comté et de Bourgogne. Les chercheurs des laboratoires de recherche de Besançon (ISTA – Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité – et Chrono-environnement) et de Dijon (ARTEHIS – Archéologie, Terre, Histoire, Sociétés – et LISPEN – Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Physiques et Numériques) ont présenté en 2017, au 2e appel d’offre I-SITE BFC (Bourgogne-FrancheComté), un projet intitulé Sequania ID : Territorial identity and patrimonial dynamics (Territoire et patrimoine en Séquanie antique), dont il a été un des lauréats. Le projet avait pour objectif d’approfondir notre connaissance approfondir notre connaissance des dynamiques d’occupation du territoire séquane, dans le Grand Est de la France (partiellement le territoire de la Région Bourgogne-Franche-Comté), de ses limites, de son organisation, de sa population et de ses habitudes, de la conquête césarienne aux réformes de Dioclétien (du Ier siècle av. J.-C. à la fin du IIIe siècle). Par Séquanie, il faut entendre la cité antique (ciuitas), dont le territoire s’organise sous la domination romaine autour d’un cheflieu, Vesontio (Besançon), à partir d’un espace déjà fortement structuré et peuplé avant l’arrivée des Romains. L’identité séquane est examinée au prisme d’un territoire, celui de la Séquanie romaine issue de la conquête des tribus de la Gaule par César, mais aussi d’une dynamique régionale et globale, qui voit la Séquanie, en termes de circulations terrestres et fluviales (le Doubs) et de transferts culturels et sociaux, placée au croisement de plusieurs espaces, en vertu de sa proximité, de ses liens avec plusieurs autres grandes cités gauloises et de sa situation sur des axes majeurs de déplacements des hommes. Le travail réalisé a permis ainsi de mieux comprendre les mécanismes internes et externes de définition et de fonctionnement d’une société antique, à travers ses différents vestiges, sans occulter la part des sociétés savantes dans la constitution de ce patrimoine. Les dynamiques territoriales à l’œuvre en Séquanie ont notamment été étudiées en recourant à l’analyse archéologique (enquête et restitution d’une zone de franchissement du Doubs, le pont de Pontoux), numismatiques (photographies et études de 881 monnaies du Musée desBeaux-Arts et d’Archéologie, dont les informations ont été intégrée à la base de données du Musée, Actimuséo) ; iconographiques et pétrographiques (provenance des pierres et analyse des décors sculptés) ; épigraphiques. La reprise du corpus épigraphique et de nouvelles lectures des textes antiques figuraient au cœur de ce projet, en visant le relevé des données éparses dans la perspective de la constitution d’un corpus : données descriptives et analytiques concernant leur contexte archéologique, les pierres (analyse pétrographique et identification de leur origine), les champs épigraphiques, la gravure et le texte des inscriptions, la bibliographie antérieure.
Objectifs
Les données précédemment récoltées visent plusieurs objectifs :
- la publication des inscriptions latines connues à ce jour systématiquement accompagnées de photographies ou de dessins ainsi que de commentaires historiques. Le volume sera précédé d’une introduction relative à la Séquanie, à ses limites territoriales, au statut de la cité, à ses institutions et à sa société.
- la saisie de ces données dans la base PETRAE, hébergée par le centre de recherches Ausonius de l’Université de Bordeaux, qui regroupe déjà les inscriptions de la Gaule, avec pour but, à terme, de fournir en open access un outil de recherche numérique aux épigraphistes et aux chercheurs de l’Antiquité. Parallèlement, ces informations alimenteront la base de données en open access POP (Plate-forme ouverte du Patrimoine) du Ministère de la Culture.
- Des publications scientifiques permettant d’envisager les modalités d’intégration à la culture romaine et les éventuelles survivances d’une identité séquane pré-romaine, à travers notamment l’analyse onomastique et sociologique de la population. L’étude des pratiques religieuses et des sanctuaires – divinités locales, divinités dites romaines, présence du « culte impérial » –, de l’investissement dans la vie politique des élites de la cité séquane, intéresse également notre compréhension du degré et des modalités d’intégration de la Séquanie et des Séquanes au modèle romain. Au-delà du contenu du texte, l’analyse du support (provenance, taille, décor) permettra aussi d’apprécier le niveau socio-culturel du dédicataire et/ou du dédicant.
Réalisations
La livraison du projet I-Site a correspondu à la présentation d’une exposition au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon : Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain (50 av. J.-C. – fin du IIIe siècle ap. J.-C.), qui s’est tenue du 21 octobre 2023 au 3 mars 2024 : Les lettres séquanes / exposition | musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon (besancon.fr). Cette manifestation a été l’occasion de restituer au grand public le travail de recherche mené sur le territoire de la Séquanie et, plus particulièrement les inscriptions. Ont ainsi été présentées, mises en contexte et documentées des inscriptions permettant de caractériser la pratique épigraphique à différents moments de l’histoire de la Séquanie romaine, ce qui a donné lieu à la rédaction de notices scientifiques. En parallèle de la tenue de l’exposition, un volume scientifique de 287 pages a été publié aux éditions Silvana Editoriale en 2023 afin de rendre compte de la recherche interdisciplinaire à laquelle ont participé archéologues, historiens, épigraphistes et professionnels des musées.
Le projet d’édition du corpus des inscriptions de la Séquanie a fait l’objet d’une communication à la SFER, en juin 2022, et, en février 2024, d’une communication au colloque organisée par Audrey Becker à Metz.
Une journée d’étude, Sequania : société et dynamiques territoriales, actuellement en cours de publication à ARTEGIS EDdtions, a permis de rassembler, le 21 février 2024, les participants à ce projet et de dresser un bilan scientifique, notamment concernant les inscriptions de la Séquanie.
Publications
- Bassir AMIRI, « Dieux et dévots en Séquanie », communication présentée lors de la journée d’étude Sequania : société et dynamiques territoriales, organisée au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, le 21 février 2024, en cours de publication
- Sabine LEFEBVRE, « Caractéristiques de la dénomination des habitants de Luxovium », communication présentée lors de la journée d’étude Sequania : société et dynamiques territoriales, organisée au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, le 21 février 2024, en cours de publication
- Bassir AMIRI & Sabine LEFEBVRE, « Statuts sociaux rencontrés en Séquanie », Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain, sous la direction de Bassir Amiri, Julien Cosnuau, Sabine Lefebvre, Silvana Editoriale, 2023.
- Bassir AMIRI & Sabine LEFEBVRE, « Données d’onomastique en Séquanie », Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain, sous la direction de Bassir Amiri, Julien Cosnuau, Sabine Lefebvre, Silvana Editoriale, 2023.
- Marie-Anaïs JANIN, « Écrire sur tous les supports », Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain, sous la direction de Bassir Amiri, Julien Cosnuau, Sabine Lefebvre, Silvana Editoriale, 2023.
- Marie-Anaïs JANIN, « La généralisation de l’écrit en Séquanie », Lettres séquanes. Le territoire des Séquanes sous l’Empire romain, sous la direction de Bassir Amiri, Julien Cosnuau, Sabine Lefebvre, Silvana Editoriale, 2023.
- Sabine LEFEBVRE, « État de la recherche sur le corpus des Séquanes : un exemple, les inédits de Luxeuil-les-Bains », dans A. Becker, à paraître.
- Bassir AMIRI & Sabine LEFEBVRE, « Corpus épigraphique des Séquanes : un état d’avancement », communication présentée lors de la séance de la SFER du 11 juin 2022 (en cours de publication). Bassir AMIRI, Esclaves et affranchis des Germanies : Mémoire en fragments. Étude des inscriptions monumentales, Franz Steiner Verlag, 2016, 249 p.
Les Stratagèmes de Polyen : tradition, transmission et réception
Le projet porte sur les Stratagèmes de Polyen, un recueil grec du IIe siècle après J.-C., qui vise à enseigner, par de nombreux exemples, l’art de diriger une armée. L’œuvre a été peu étudiée car on l’associe à une tradition – celle des textes techniques – que la communauté scientifique a longtemps jugé indigne d’études approfondies. Or, elle présente un intérêt certain de bien des points de vue : elle ouvre des perspectives originales sur la culture antique, la transmission des savoirs, l’évolution des genres littéraires et celle du lexique technique militaire ou l’histoire des sciences et des techniques.
Les objectifs principaux de ce projet sont de contribuer à approfondir notre connaissance de l’œuvre, de ses sources, de sa circulation pendant l’Antiquité et de sa transmission jusqu’à la Renaissance; d’ initier un travail de traduction (la plus récente en français date de 1739) dont les résultats seront accessibles en ligne, avec une série de compléments numériques (cartes, lexique technique, notes, etc.) qui en faciliteront l’étude ; de valoriser ce patrimoine méconnu et de stimuler des recherches originales.
Le projet a fait l'objet d'une demande de financement ANR PRME (pré-proposition déposée à l'automne 2024)
Responsable : Michel Pretalli
Participants : Immacolata Eramo; Melissa Leuzy; Antoine Pietrobelli; Georges Tirologos
La via Appia et la via Egnatia : un axe de communication entre Occident et Orient. 312 av. J.-C. – 1912
Recherches sur le territoire rural de la colonie romaine de Philippes
Depuis plusieurs années déjà, l’ISTA l’étude du territoire de la colonie romaine de Philippes (Macédoine orientale - Grèce) constitue une des opérations majeures des recherches menées dans le cadre de l’Axe III de son projet.
Cette opération a pour objectif de contribuer à l’approfondissement de nos connaissances sur les modalités de construction de l’espace rural de cette colonie et d’évaluer l’héritage des occupations grecque, macédonienne dans l’organisation de son territoire. En raison des conditions historiques de son occupation, des spécificités de son environnement naturel ainsi que de la richesse et de la diversité de son corpus documentaire, ce territoire constitue un terrain unique parmi les colonies romaines d’Orient pour la mise en œuvre d’une étude croisée des données textuelles, archéologiques et paléo-environnementales.
Dans cette perspective, 3 grands axes de recherche ont été définis :
- Recenser, dater et caractériser les sites ruraux du territoire afin de combler les lacunes sur l’occupation du sol du territoire qui nous privent aujourd’hui de disposer d’une carte précise et exhaustive de la répartition spatiale de l’habitat agraire.
- Identifier les itinéraires des grands axes de circulation et comprendre les logiques de leurs implantations dans le territoire.
- Produire des outils numériques destinés à la gestion et la diffusion des données
Recenser, dater et caractériser
Phase 1/ Cette initiative s’est avérée nécessaire à la lecture de la carte archéologique partielle dressée aujourd’hui essentiellement à partir du recensement des entités archéologiques (sites et indices de sites) répertoriées dans les différentes sources bibliographiques (monographies régionales, articles, récits des voyageurs, rapports de fouilles…). Toutefois, en dehors de quelques exceptions, aucun de ces sites n’est associé à ses coordonnées spatiales. Leur, emplacement est souvent évoqué de manière descriptive en indiquant les éléments topographiques de leur environnement, leur positionnement approximatif par rapport aux villages actuels ou encore l’appellation locale du lieu-dit de leur découverte qui, dans la majorité des cas, n’est pas enregistrée dans la liste officielle des toponymes dressée pas les services géographiques de l’état grec.
Compte tenu de l’imprécision pesant sur la localisation et/ou la caractérisation de plusieurs sites présents sur cette carte provisoire, l’ISTA s’est engagée de mettre en œuvre des campagnes annuelles de prospections géo-archéologiques sur le terrain (d’une durée moyenne de 7 à 10 jours) avec une double finalité : a) relever les coordonnées GPS et essayer de mieux définir la nature des établissements ruraux déjà connus, b). localiser de nouveaux sites ou indices de sites sur les secteurs insuffisamment explorés jusqu’à présent.
Durant la première phase de cette opération (2018 -2019 et 2022) les campagnes de prospections-inventaires menées par l’ISTA se sont concentrées sur les sites ruraux de la plaine de Philippes. Ces missions sur le terrain, ont permis ainsi de corriger, compléter et préciser les données d’environ 110 établissements ruraux sur un total de 286 déjà recensés et de localiser 67 nouveaux sites ou indices de sites essentiellement dans les secteurs nord/ouest et sud/est du centre urbain de la colonie.
Phase 2/ Dans la continuité des enquêtes déjà engagées sur le recensement des établissements ruraux situés dans la plaine philippienne, les investigations géo-archéologiques, amorcées en 2019 et poursuivies depuis 2023 sont désormais concentrées sur les habitats fortifiés des zones montagneuses de la Macédoine oriental. Il s’agit d’un réseau des fortification liées, directement ou indirectement, aux gisements métallifères de ces zones, ressources dont l’exploitation a été un facteur déterminant de l’évolution politique, économique, sociale et culturel de cette région de la Macédoine durant l’Antiquité. Enceintes protégeant de zones d’extraction de minerais, tours destinés à la surveillance de la région, habitats fortifiés abritant sans doute les communautés qui fournissaient la main d’œuvre pour l’exploitation des gisements, plus d’une centaine de ces types d’établissements couronnent les sommets des montagnes de la Macédoine orientale). Par leur grand nombre (109 au total), l’état de conservation des leurs vestiges, le caractère particulièrement imposant des leurs structures défensives, et l’amplitude chronologique de leurs occupations ces établissements disposent d’un potentiel archéologique remarquable. Particulièrement bien visibles sur les photographies aériennes, ces sites n’ont pas pu faire toutefois l’objet de véritables prospections systématiques car leur accessibilité, en raison des contraintes imposées par le relief et la topographie montagneuse, est une tâche particulièrement ardue. En effet ces sites sont souvent perchés sur des crêtes de haute altitude avec des pentes abruptes couverts d’une végétation particulièrement dense rendant ainsi leur prospection laborieuse et complexe. Parmi les 109 fortifications répertoriées sur les photographies aériennes 11 ont pu faire l’objet d’un premier diagnostic dans le cadre de nos prospections.
Ces fortifications se composent de murailles solides (certaines enceintes sont larges d’environ 3m) et d'enceintes entourant des bâtiments et des structures liées à l'exploitation minière. Les murailles sont souvent construites en pierres sèches, sans mortier, et dotées parfois des tours de guet et des portes d'entrée associées. En dehors du relevé précis de leur périmètre, de nombreuses informations concernant leur extension, les dimensions et l’architecture de leurs fortifications et la datation de leurs différentes phases d’occupation ont pu être collectées.
Mais la découverte la plus spectaculaire des nos campagnes de prospection menées en 2023 et 2024 est la localisation d’un réseau de routes pavées permettant la communication entre les sites fortifiés et les zones d’extractions minières. Avant cette découverte, la communication entre les habitats fortifiés des montagnes et les zones minières était largement méconnue. Construites avec des pierres locales soigneusement taillées certains tronçons de ces routes, cachés parfois par la végétation de garrigue sont d'une étonnante conservation. Les pierres sont disposées avec une grande précision, témoignant d'une organisation logistique avancée et d’une très grande maîtrise technique. Elles suivent des lignes droites là où la topographie le permet, et des courbes adaptées aux pentes lorsque le terrain devient plus accidenté. Leurs bâtisseurs ont su exploiter au mieux le relief des zones montagneuses, aménageant des tronçons de route avec des murs de soutènement et des dispositifs pour éviter l’érosion.
La qualité de ces routes et la précision avec laquelle elles ont été construites témoignent d'un haut niveau de compétence en génie civil et montre une conception réfléchie et une connaissance approfondie du terrain constitue pour surmonter les contraintes géographiques des zones montagneuses.
Pour pouvoir produire une représentation graphique détaillée de la répartition spatiale de tous les indices d’occupation des différentes zones explorées, chaque objet prélevé sera géoréférencé à l’aide d’un GPS à précision centimétrique et enregistré en temps réel dans le SIG développé par l’ISTA pour l’exploitation des données archéologiques du territoire de Philippes.
La campagne que nous avons engagée à 2018 et poursuivie à 2022 était entièrement centrée sur l’identification du tracé de la Via Egantia, la grande voie romaine qui traversait la majeure partie du territoire philippien. Cette opération avait un triple objectif : inspecter les grands alignements de buissons présents sur son tracé présumé et particulièrement bien lisibles sur les photographies aériennes et les images satellites, enregistrer les informations spatiales des sites identifiés sur son itinéraire, effectuer, enfin, le long de son tracé une série de mesures topographiques susceptibles de nous éclairer certains aspects de son système métrologique.
Ces investigations ont permis de mettre au jour, dans les communes de Rodolivos et de Mikro Souli, les vestiges d’une ancienne route pavée dissimulés dans une dense végétation d’arbustes et de buissons. Par son profil bombé et la disposition des blocs de son empierrement cette structure, conservée sur environ 1.8km, présente de grandes similitudes avec les tronçons de la voie egnatienne exhumés en Thrace occidentale. Mais faute de disposer les autorisations nécessaires, aucune intervention archéologique n’a été réalisée.
Le deuxième objectif majeur des recherches sur cette grande voie romaine de communication était de procéder à une série de mesures topographiques visant à vérifier sur le terrain la fiabilité des enquêtes métrologiques menées à partir de documents cartographiques et de photographies aériennes et plus particulièrement la localisation du capitum viarum de son itinéraire entre la cité de Philippes et la commune actuelle d’Amygdaléônas. Cette portion de son parcours a été choisie car elle réunit toutes les conditions pour mener une telle recherche. La première et incontestablement la plus important du point de vue méthodologique est la découverte in situ d’un milliaire indiquant la distance de VI milles (8.870 m environ) depuis Philippes. Exhumé dans le village d’Amygdaléônas, cette borne milliaire qui porte nom du proconsul Gaius Egnatius , est la seule à ce jour à avoir été trouvée en place en Macédoine orientale. Partant l’emplacement originel du milliaire et équipés d’un GPS différentiel pour mesurer avec précision la distance nous avons parcouru à pieds l’itinéraire de la voie en direction de la cité de Philippes. Dans cette partie du territoire philippien le tracé de la Via Egnatia ne souffre d’aucune ambiguïté. Jalonné de nombreux vestiges archéologiques et marqué par la présence de plusieurs ponts dont certains sont antiques, son itinéraire se confond avec l’ancienne route ottomane qui assurait la liaison entre le littoral et la plaine de Drama.
Traversant en ligne droite, à lisière des anciens marécages de Philippes, les terrains d’une petite plaine alluviale ce grand axe de communication, devenu un simple chemin vicinal, reste aujourd’hui parfaitement praticable. D’après les mesures enregistrées sur le terrain par le GPS le point indiquant la distance de VI milles romains (8.870 m environ) se situe à quelques mètres seulement (l’écart observé est de l’ordre de 0.4%) de la grande porte orientale des fortifications de Philippes, communément appelée « Porte de Néapolis ». Cette recherche expérimentale, outre de pouvoir témoigner de la qualité et de la précision du travail sur le terrain des ingénieurs romains, permet aussi de valider la fiabilité de cette démarche méthodologique sur laquelle nous pourrons s’appuyer pour situer les emplacements originels d’autres milliaires du territoire philippien.
Enfin, toujours dans le cadre de cette mission, 17 sites le long de la Via Egnatia connus par la bibliographie ont pu être relocalisés et enregistres avec leurs coordonnées précises.
D’ores et déjà, les recherches de l’ISTA sur la voie egnatienne ont permis de restituer l’intégralité de son parcours à travers la Macédoine orientale et une synthèse compète (40 pages et 41 cartes) de ces résultats seront publiés en 2025 dans le volume « Pistyros, a Thasian emporion on the Aegean Thracian coast : 10 years of archaeological research ».
Produire des outils numériques
L’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (UR 4011) a initié le développement d’une plateforme Web SIG destinée à la gestion de la base de données collectées dans le cadre du projet de l’établissement de la carte archéologique du territoire de Philippes. Il s’agit de permettre à la communauté scientifique d’accéder facilement, par le biais d’un simple navigateur internet, au corpus des informations archéologiques de l’habitat rural du territoire philippien. Deux moteurs de recherches, l’un cartographique, l’autre thématique, permettent d’opérer des requêtes à la fois spatiales et attributaires sur l’ensemble des données et de visualiser les résultats obtenus en fonction des critères de sélection choisis sur le fond cartographique associé à la plateforme. Inspiré dans son architecture générale par la plateforme « Chronique des fouilles en ligne » élaborée par l’Ecole Française d’Athènes et la British School at Athens cette application a pour objectif d’offrir aux chercheurs :
- un accès web à des données spatialisées actuelles et anciennes
- un accès aux informations par requêtes
- la possibilité d’intégrer de nouvelles informations.
L’utilisateur a le choix d’opérer ses requêtes à partir de deux moteurs de recherches différents : soit un moteur cartographique qui, en fonction du zoom choisi, permettra de sélectionner un ou plusieurs sites d’un secteur géographique ; soit via une interface de recherche multicritères contenant plusieurs champs interrogeables se présentant sous la forme d’un menu déroulant, d’une liste de mots-clés ou d’un champ de texte libre.
Le moteur de recherche multicritères offre la possibilité de combiner, au moyen des opérateurs booléens ET (« tous les critères ») et OU (« au moins un critère »), plusieurs critères pour la formulation d’une recherche complexe. Toutes ces requêtes sont renvoyées vers une base de données composée, dans sa forme actuelle, d’une quinzaine de tables contenant les données attributaires et descriptives des sites archéologiques recensés. Les résultats d’une recherche affichent la liste des tous les sites répondant aux critères de tri. La finalité des deux moteurs intégrés dans cette plateforme Web SIG est de permettre à l’utilisateur d’accéder aux métadonnées des sites en fonction des critères de sélection choisis et d’afficher leur localisation sur le fond cartographique.
Pour chaque site, ces métadonnées sont présentées sous la forme d’une notice contenant plusieurs champs avec des informations telles que le secteur géographique de sa localisation, son toponyme, les phases de son occupation, des mots-clés définissant la nature de ses vestiges, ses références bibliographiques, etc. Pour rendre interopérable ce Web SIG avec d’autres plateformes de données ouvertes, les mots-clés descriptifs utilisés dans le champ associé à la caractérisation des sites sont alignés au référentiel PACTOLS-Sujet de la base bibliographique de la Fédération et Ressources sur l’Antiquité (FRANTIQ) dont l’ISTA constitue un des membres fondateurs et un des principaux fournisseurs de données. Signalons enfin que chaque notice est accompagnée, quand une documentation iconographique est disponible, des images associées au site concerné sous la forme de vignettes cliquables afin de pouvoir afficher leur agrandissement, optimiser ainsi leur visualisation et renforcer la compréhension des structures observées et l’interprétation du contexte sitologique. Piloté par l’ISTA, ce projet est mené en collaboration avec la Maison de l’Homme et de l’Environnement « Claude Nicolas Ledoux » (USR 3124) dont les ingénieurs disposent d’une solide expertise, reconnue depuis fort longtemps, dans le domaine du traitement et de la gestion de données spatiales.
Enfin, il est important de signaler que cette plateforme, en dehors de sa finalité scientifique, est conçue aussi comme un outil de sensibilisation au patrimoine archéologique de la région destiné à la population locale et un support de valorisation de l’image du territoire auprès des visiteurs. Elle répond ainsi parfaitement au besoin du développement des ressources numériques culturelles exprimé par les collectivités territoriales et les institutions publiques impliquées dans la promotion du patrimoine régional.