Caesaraugusta
La discontunité entre la centuriation I et la centuriation III s'explique lors de l'analyse de la toponymie médiévale et moderne du secteur vierge de traces. Les toponymes de cette zone attestent soit d'un milieu naturel marécageux et fluvial (Carrizal, Cazzirales, Tamarices, Mejana), soit de la création de petits parcellaires médiévaux ou modernes (Las Rozas, Cahices, Doce Hanegas). Les chercheurs en déduisent l'existence d'une zone marécageuse à l'époque antique, qu'aucun arpenteur romain n'aurait divisé.
Un document épigraphique exceptionnel permet de mieux saisir les différentes modalités d'irrigation à l'époque antique. Il s'agit d'une table de bronze, perforée de six trous de fixation, découverte à "Contrebia Belaisca", agglomération celtibérique, actuelle Botorrita.
Cette "tabula Contrebriensis" est antérieure à la fondation de "Caesaraugusta". Elle atteste d'une controverse entre deux communeautés indigènes, les "Allauona" et les "Salduie", qui se disputent au sujet de la construction d'une canalisation.
Superposée au cadastre I, la "renormatio " de Caesaraugusta (réseau II) n'a augmenté que très légèrement la surface des terres divisées et assignée auparavant, le réseau augustéen exploitant déjà largement les potentialités agraires du milieu naturel.
Le second réseau est en plus grande adéquation avec le tracé des "limites" et le parcours de l'Ebre, et les canaux d'irrigation sont désormais plus adaptés à la topographie locale.
Il est postulé que la dynamique fluviale est peut être à l'origine de cette "renormatio", des "limites" antérieurs ayant pu être détruits par une inondation du fleuve, attestée sur le "forum" colonial au tournant de notre ère.