A124IA

Lacune Arcerianus A = Thulin 141-145

 

Hygini Gromatici Constitutio <Limitum>

congressionum multitudinem obliuisceretur. Nam milites ultra stipendia emerita detinuit, recusantes deinde ueteranos dimisit, mox eosdem ipsos ueniam commilitii rogantes recepit, et post aliquot bella parta iam pace deduxit. Aeque diuus Augustus, [in] adsignata orbi terrarum pace, exercitus qui aut sub Antonio aut Lepido militauerant pariter et suarum legionum milites colonos fecit, alios in Italia, alios in prouinciis. Quibusdam deletis hostium ciuitatibus nouas urbes constituit, quosdam in ueteribus oppidis deduxit et colonos nominauit. Illas quoque urbes quae deductae a regibus aut dictatoribus fuerant, quas bellorum ciuilium interuentus exhauserat, dato iterum coloniae nomine numero ciuium ampliauit, quasdam et finibus. Ideoque multis regionibus antiquae mensurae actus in diuersum nouis limitibus inciditur : nam tetrantum ueterum lapides adhuc parent, sicut in Campania finibus Minturnensium ; quorum noua adsignatio trans fluuium Lirem limitibus continetur : citra Lirem postea adsignatum per professiones ueterum possessorum, ubi iam opportunarum finium commutatione relictis primae adsignationis terminis more arcifinio possidetur (fig. 89).
Multis ergo generibus limitum constitutiones inchoatae sunt. Quibusdam coloniis kardo maximus et decimanus non longe a ciuitate oriuntur. Nam in proximo esse debe<n>t, immo, si fieri potest, ex ipsa colonia inchoari : sed cum uetusta municipia in ius coloniae transferuntur, stantibus iam muris et ceteris moenibus limites primos nisi a foris accipere non possunt (fig. 90).
Multi facilitatem agri secuti : et ubi plurimum erant adsignaturi, ibi decimanum maximum et kardinem constituerunt. Antiqui enim propter subita bellorum pericula non solum erant urbes contenti cingere muris, uerum etiam loca aspera et excelsa saxis eligebant, ubi illis maximum propugnaculum esset et ipsa loci natura. Haec uicina urbibus rupium multitudo limites accipere propter loci difficultatem non potuit, sed relicta est, ut aut siluas rei publicae praestaret, aut, si sterilis esset, uacaret. His urbibus ut haberent coloniarum uastitatem uicinarum ciuitatium fines sunt adtributi, et in optimo solo decimanus maximus et kardo constituti, sicut in Vmbria finibus Spellatium (fig. 91).
Quibusdam coloniis decumanum maximum ita constituerunt ut uiam consularem transeuntem per coloniam contineret, sicut in Campania coloniae Axurnati. Decimanus maximus per uiam Appiam obseruatur ; fines qui culturam accipere potuerunt et limites acceperunt ; reliqua pars asperis rupibus continetur, terminata in extremitate more arcifinio per demonstrationes et per locorum uocabula (fig. 92).
Quibusdam coloniis postea constitutis, sicut in Africa Admederae, decimanus maximus et kardo a ciuitate oritur et per quattuor portas in more castrorum ut uiae amplissimae limitibus diriguntur. Haec est constituendorum limitum ratio pulcherrima. Nam colonia omnes quattuor perticae regiones continet et est colentibus uicina undique, incolis quoque iter ad forum ex omni parte aequale. Sic et in castris groma ponitur in tetrantem qua uelut ad forum conueniatur (fig. 93).
Hanc constituendorum limitum rationem seruare debebimus, si huic postulationi uel locorum natura suffragabit. Saepe enim propter portum colonia ad mare ponitur. Cuius fines aquam non possunt excedere, hoc est litore terminantur ; et cum sit colonia ipsa in litore, fines a decimano maximo et kardine in omnes quattuor partes aequaliter accipere non potest (fig. 94). Quaedam propter aquae commodum monti applicantur ; quarum aeque decimanus maximus aut kardo relictis locis interciditur ita, si trans montem coloniae fines perducuntur (fig. 95. Multas colonias et ipsi montes finiunt ; propter quod quattuor regionibus aequaliter pertica non potest diuidi, sed in alteram partem tota limitum rectura seruetur (fig. 96).

Hygin l'Arpenteur, L'établissement des limites

il oubliait le nombre des engagements. De fait, il retint des soldats au delà de leur temps de service, licencia des vétérans mutinés à la suite de cette mesure, et bientôt reprit les mêmes qui demandaient individuellement son pardon au nom de la fraternité des armes, puis, après un certain nombre de campagnes, les déduisit, la paix étant alors acquise. Le divin Auguste, de même, après avoir assigné la paix à l'univers tout entier, établit comme colons les armées qui avaient combattu sous Antoine ou Lépide tout aussi bien que les soldats de ses propres légions, établissant les uns en Italie, d'autres dans les provinces. Pour certains, du fait de la destruction des cités ennemies, il fonda de nouvelles villes ; il en déduisit d'autres dans d'anciens oppida ; et à tous il donna le titre de colons. Il y a encore ces villes qui avaient été déduites par des rois ou par des dictateurs, celles que l'intervention des guerres civiles avaient épuisées : il leur donna à nouveau le nom de colonie et accrut le nombre de leurs citoyens, pour certaines aussi, leur territoire. C'est pour cette raison qu'en de nombreuses régions le tracé de l'ancien mesurage est recoupé selon une autre logique par les nouveaux limites : de fait, les pierres des anciens carrefours apparaissent encore, comme en Campanie, sur le territoire de Minturnes : la nouvelle assignation, au delà du Liris, est contenue par des limites ; en deçà du Liris, on a assigné par la suite d'après les déclarations des anciens possesseurs, là où, après un changement des fines, on a laissé celles de la première assignation et commencé à posséder désormais à la manière des terres arcifinales (fig. 89 Th).
Donc, l'établissement des limites a été entrepris de bien des façons. Dans certaines colonies le cardo maximus et le decumanus maximus ont leur origine non loin de la cité. De fait, ils doivent être à proximité immédiate et mieux, si cela est possible, partir de l'intérieur même de la colonie ; mais quand les anciens municipes sont transférés dans le droit de colonie, si les murs et les autres édifices publics sont déjà érigés, ces anciens municipes ne peuvent recevoir les premiers limites qu'en dehors (fig. 90 Th).
Beaucoup ont suivi les facilités du terrain : et c'est là où ils avaient l'intention d'assigner la plus grande quantité de terre qu'ils ont établi le decumanus et le cardo maximus. De fait les anciens, à cause des dangers imprévus des guerres, ne se contentaient pas seulement de ceindre leurs villes de murs mais choisissaient aussi des emplacements accidentés et perchés sur des rochers, où la meilleure défense serait la nature même du terrain. Cette grande quantité de reliefs, au voisinage des villes, n'a pu recevoir de limites en raison des difficultés du terrain, mais on les a laissés de côté soit pour mettre des bois à la disposition de la communauté, soit, s'il n'y poussait rien, pour les laisser vides. A ces villes ont été attribuées des terres de cités voisines pour leur permettre d'atteindre les dimensions des colonies, et c'est sur le sol le meilleur qu'ont été établis decumanus maximus et cardo maximus : ainsi en Ombrie, dans le territoire des Spellates (fig. 91 Th).
Dans certaines colonies, on a établi le decumanus maximus de telle sorte qu'il contienne la voie consulaire qui traverse la colonie ; ainsi en Campanie, dans la colonie d'Anxur. Le decumanus maximus suit le tracé de la voie Appienne ; les terres qui ont pu être cultivées ont été également limitées; la partie restante est contenue par des falaises ; elle a été bornée, à son extrémité, selon la coutume arcifinale, par des éléments signifiants et des noms de lieux (fig. 92 Th.).
Dans certaines colonies établies postérieurement, comme Ammaedara en Afrique, le decumanus maximus et le cardo maximus partent de la cité et, en passant par les quatre portes, selon l'usage des camps, en tant que voies plus larges, s'alignent sur les limites. C'est le plus beau système d'établissement des limites. En effet, la colonie contient l'ensemble des quatre régions de la pertica et, de partout, elle est proche des cultivateurs (colentes) ; pour les habitants (incolae) aussi, de n'importe quelle partie, le trajet conduisant au forum a la même longueur. C'est ainsi que, dans les camps aussi, la groma est placée au carrefour où convergent les quatre voies comme au forum (fig. 93 Th).
Nous devrons observer ce système d'établissement des limites, si la nature des lieux, elle aussi, consent à cette nécessité. Souvent en effet, à cause d'un port, la colonie est placée sur la mer. Son territoire (fines) ne peut déborder sur l'eau, c'est-à-dire qu'il est borné par le rivage, et, puisque la colonie est justement sur le rivage, elle ne peut admettre un territoire également réparti en quatre à partir du decumanus maximus et du cardo maximus (fig. 94 Th). Certaines colonies, pour bénéficier d'un approvisionnement en eau, sont adossées à une hauteur ; leur decumanus maximus ou leur cardo maximus, dans ce cas, est interrompu par des "lieux laissés", si le territoire de la colonie se poursuit au delà de la montagne (fig. 95 Th). Dans le cas de nombreuses colonies, ce sont des montagnes précisément qui constituent la limite : c'est pourquoi la pertica ne peut se diviser en quatre régions égales, mais, de l'autre côté, le tracé rectiligne des limites doit être conservé en totalité (fig. 96 Th).