Ce bref bilan fait le point sur la façon dont, depuis la publication en 1986 par J.‑P. Vernant et C. Malamoud du colloque fondateur intitulé Corps des dieux, ce thème se retrouve dans les recherches et les débats des trois dernières décennies, au croisement entre l’histoire de l’art, l’histoire des religions et études littéraires. Si les questions soulevées par l’altérité et la spécificité du corps des dieux ont pu être abordées dans des perspectives très différentes, elles restent centrales pour réfléchir aussi bien au statut de l’image dans les sociétés anciennes qu’à la perception du divin. Mots-clés : Corps, Dieux, Grèce, Rome, Statue, Figuration, Aniconisme, Culte, Épiphanie.

Les nombreuses études qui ont été consacrées depuis une vingtaine d’années à la masculinité dans le monde romain permettent de s’interroger sur ce qu’ est la beauté masculine. Dans les textes latins, apparaissent plusieurs types de beauté : la beauté honorable du citoyen romain, la séduction des pueri delicati, la beauté parfaite des héros dans la fiction épique. Ces distinctions renvoient à une opposition entre beauté réelle du corps vivant et beauté idéale. La définition de celle-ci passe par un questionnement sur le corps humain, notamment dans les textes médicaux, et sur l’art qui le reproduit. Mots-clés : Beauté, Masculinité, Orateur, Vêtement, Démarche, Santé, Dignitas, Mollitia, Cultus.

Quelles voies ont été suivies dans l’exploration des enjeux des corps propres et sales, que l’histoire moderne et contemporaine a menée depuis plusieurs décennies ? Les travaux de Mary Douglas ont permis de lancer des réflexions sur la notion de souillure, en particulier dans les études religieuses et anthropologiques, souvent grecques. L’histoire de la médecine a fait définir des conceptions de l’hygiène et des représentations médicales du corps. Puis on évoquera les recherches relatives à la mise en scène du corps comme lieu d’identité et de pratiques culturelles, et enfin les apports de l’archéologie des lieux de la propreté corporelle. Mots-clés : Histoire de l’hygiène, Histoire et anthropologie du corps, Pollution, Études balnéaires, Thermes, Latrines, Histoire de la médecine, Histoire du vêtement, Propreté urbaine, Genre.

Les travaux dans les domaines du genre et de la sexualité en Grèce et à Rome constituent un apport fondamental à l’histoire du corps antique. L’influence théorique des women’s studies, des gender studies et des travaux de Michel Foucault, à la fin du XXe siècle, ont joué un rôle important dans l’orientation de la recherche actuelle. Les études du début du XXIe siècle favorisent la mise au jour de l’ensemble des catégories signifiantes grecques et romaines dans la perception des corps (le sexe, l’âge, le statut, l’apparence physique, les pratique érotiques, la posture du corps, les gestes et la tessiture de la voix) : la place, relative, accordée aux organes sexuels dans la distinction des corps, les progrès de l’archéologie portant sur l’identification du sexe des squelettes, l’érotisme antique, la question du travail sexuel dans l’Antiquité font l’objet d’un intérêt renouvelé. Ces études, qui font se croiser l’archéologie, l’anthropologie, l’histoire politique et sociale et la linguistique, proposent une lecture sensible aux différentes conceptions du corps selon les contextes historiques et les pratiques discursives. Mots-clés : Genre, Corps, Sexe, Sexualité, Érotisme, Prostitution, Homosexualité, Hétérosexualité, Vêtements, Posture, Comportement, Antiquité.

L’objet de cet article est de proposer un bilan historiographique sur le corps du prince. L’argument serait que, contrairement aux rois de monarchies établies, les empereurs romains n’étaient pas capables d’incarner un rôle monarchique. Parce qu’à Rome, l’idée d’un corps politique était par essence liée à une république antimonarchique, ce corps ne pourrait pas être incarné par un prince sans provoquer de graves problèmes idéologiques. Toutefois, l’absence d’insignes royaux et de performance monarchiques a favorisé de nouveaux discours, le corps individuel du prince devenant ainsi l’objet de projections monarchiques. Mots-clés : Histoire du corps, Corps royaux, Corps politique, Ernst H. Kantorowicz, Principat romain, Représentation du pouvoir, Cérémonial, Vêtements, Funérailles impériales.

L’intérêt porté aux parures du corps par les historiens, historiens de l’art et archéologues s’est largement modifié, renouvelé et amplifié depuis un siècle, en particulier ces quinze/vingt dernières années. Cet article présente ainsi les différentes orientations de la recherche consacrée au vêtement, entendu au sens large. Il montre, en outre, qu’étudier les parures du corps est un biais pertinent et fécond pour mieux comprendre le fonctionnement des sociétés anciennes et la place qu’y occupent les individus ; aussi, met-il en exergue tout l’intérêt d’adopter une démarche historique et anthropologique. Mots-clés : Historiographie du vêtement, Corps, Parure, Realia, Représentation, Antiquité.

L’histoire du sensible est plurielle. Elle comprend celle des sens, de l’environnement sensoriel et de la perception. Elle est située aussi au carrefour de l’histoire du corps et de l’ histoire des représentations. Depuis vingt ans, les publications ont montré comment les Anciens comprenaient le fonctionnement des sens, leur nombre et leur hiérarchie. Ils posent nombre de questions méthodologiques et conceptuelles. Dans cette perspective, la peau et l’odeur sont révélatrices des méthodes retenues. Elles nécessitent d’aller à la rencontre de l’anthropologie et de la sociologie. Elles permettent de mieux saisir les limites des sources. Elles questionnent les avancées de la recherche dans le domaine du corps et dans le domaine du sensible. Mots-clés : Sensible, Sens, Corps, Peau, Odeur, Émetteur, Parfum.

La réflexion historique sur les technai du corps a donné lieu à plusieurs approches : étude de la connaissance du corps et de son fonctionnement par les médecins antiques, déconstruction de cette connaissance, analyse de ses implications sociales et approche relevant de l’histoire du sensible. Les sources physiognomoniques gréco-romaines, de l’époque classique grecque jusqu’à la fin de l’Antiquité, témoignent par leur nombre de la popularité de cette lecture morale des signes du corps. Longtemps négligées, elles bénéficient du développement d’une histoire culturelle sensible au corps dans toutes ses manifestations. Les pratiques magiques font aujourd’hui aussi partie de cette histoire et livrent une manière culturelle de penser le corps par métaphores. Mots-clés : Corps, divination, magie, médecine, physiognomoni.